Carti

01/02/2012 23:49

Les Hina i Tak n’ont quasiment plus de dollars en poche, c’est pourquoi ils décident de se rendre à Panama city pour trouver une banque. Nous décidons de nous joindre à eux pour faire quelques emplettes et découvrir la ville par la même occasion. Nous laissons donc Perséides quelque temps et partons à deux bateaux en direction de Carti, l’île des San Blas la plus proche de Panama City.

Quel contraste avec ce que nous venons de voir ! L’eau de Carti est trouble et sale. Des détritus longent la côte, les plages sont remplies de bouteilles, de plastiques et de déchets divers. Pourtant, comme dans les autres îles habitées, les Kunas se déplacent dans leurs canoës, et viennent nous proposer d’acheter leurs molas.

 

Lorsque nous nous renseignons pour prendre un taxi jusqu’à Panama City, c’est la déception. Nous trouvons un taxi pour nous emmener mais nous n’avons aucune certitude en ce qui concerne le retour. De plus, le trajet est très long, trois heures de route pour l’aller, dont une heure trente de piste dans la jungle. Faire six heures de route dans la journée en ne restant finalement que quatre heures sur place, nous paraît bien périlleux avec les enfants. Mais les Hina I Tak n’ont pas le choix, Xavier et Nath ont vraiment besoin d’argent. Je décide donc de rester au bateau avec les enfants pendant que JF partira avec eux faire des courses. Nous n’avons plus grand chose à manger depuis plus d’un mois que nous sommes partis de Cartagena, alors un peu de frais sera le bienvenu. De plus, JF voudrait trouver quelques pièces de rechange pour le bateau et se rendre dans des magasins d’électroménagers. Eh oui, nous sommes toujours à la recherche d’une petite machine à laver pour notre bateau…

 

Le lendemain très tôt, je dépose en annexe Xavier, Nath, Maeva et JF à l’endroit où les taxis arrivent. Il y a déjà une vingtaine de personnes qui attendent, essentiellement des Kunas. Eux aussi doivent se rendre à Panama City pour faire des courses. Après s’être inscrits sur une liste d’attente, tout ce petit monde prend enfin place dans des 4x4. Et c’est parti pour une heure et demie de trajet inoubliable dans la jungle ! La route ne fait que monter et descendre. Au lieu de contourner les montagnes, comme nous avons l’habitude chez nous, la piste suit le relief des montagnes en passant d’un sommet à l’autre en montant puis descendant. Le trajet ressemble à un véritable tour de manège sur les montagnes russes. Sauf que celui-ci n’en finit jamais… Dans le taxi, il faut avoir l’estomac bien accroché pour ne pas déverser tout son petit déjeuner ! D’ailleurs sur ce plan, Maeva est incroyable, elle ne bronchera pas du voyage !

 

Pendant ce temps, sur Céramaje, nous avons la visite d’un jeune Kuna. Celui-ci cherche du travail pour pouvoir acheter un médicament de 8 dollars à sa mère malade. Pour cela, il me propose de laver la coque de notre bateau. Mais voyant la couleur de la mer, je n’ai vraiment pas envie de le voir frotter Céramaje avec cette eau ! Pourtant, je voudrais bien l’aider, mais comment ? En lui donnant 8 dollars ? On sait bien que donner de l’argent est toujours un peu délicat. Et puis, est-ce que cet argent servira vraiment à acheter le médicament ? Finalement, il en vient à me montrer l’emballage du produit dont il a besoin. Il s’agit d’un antibiotique ophtalmologique. Je cours dans ma pharmacie de bord voir si j’ai quelque-chose de semblable à lui proposer. Finalement, je tombe exactement sur l’antibiotique dont il a besoin. En lui tendant le médicament, je vois son visage s’illuminer. L’Indien me remercie chaleureusement et repart tout guilleret sur son canoë. Raphaël est content qu’on  ait pu lui rendre service.

 

Il est 17 h30 et JF ne m’a toujours pas appelée à la VHF. Pourtant, à cette heure là,  il devrait être déjà rentré de Panama City. Pressentant quelque-chose d’anormal, je pars avec les enfants sur Ina I Tak pour utiliser leur téléphone satellite. Je tombe sur Xavier qui m’explique que sa carte bancaire a été refusée dans toutes les banques et qu’il reste donc dormir à l’hôtel avec Nath, Maeva et JF, le temps de régler son problème. Ils devraient tous être de retour le lendemain au taxi de 16 heures.

Décidément, il nous fallait bien ça ! Nous, qui espérions partir de Carti dès le lendemain matin pour pouvoir faire de l’eau. Effectivement, les cuves de Céramaje sont presque vides et l’eau de la mer est ici tellement sale que l’on ne peut pas mettre en route notre dessalinisateur !  Coup de chance, il se met à pleuvoir dans la nuit et je récolte une quinzaine de litres d’eau de pluie. En faisant attention, cela devrait suffire pour notre consommation de la journée. Comme un problème n’arrive jamais seul, nous voilà maintenant en panne de gaz ! Alors au menu de midi, repas froid pour tout le monde ! Finalement, un peu plus tard, j’arrive à rétablir le gaz en changeant la bouteille. D'accord, ce n’était pas si sorcier, mais quand on a l’habitude de laisser faire au capitaine ce genre de chose, on est vite perdue !

 

Finalement, vers 16 heures, j’entends la voix de JF qui m’appelle à la VHF. Ça y est, ils sont de retour et nous racontent leurs aventures : la route sportive dans la jungle, la carte bancaire bloquée, la machine à laver introuvable, les shipchandlers très mal achalandés, la nourriture servie dans un restaurant donnant la turista à Nath… Bref tout le monde a l’air content de retrouver son bateau… Cette escapade à Panama City les a visiblement tous crevés !

Rechercher dans le site