La navigation jusqu’à Curaçao est sportive. La météo a annoncé un vent de 25 nœuds, mais sous les grains, nous avons plutôt 35. Au départ, alors que nous venons tout juste de monter la grand-voile, nous faisons deux empannages involontaires. JF manque de peu de se faire assommer par la bôme… Comme nous sommes vent arrière, nous décidons de nous positionner  à 120 degrés du vent pour une meilleure sécurité. A cause de cela, nous ne pouvons pas faire une route directe et devons tirer plusieurs bords.  Nous avons des creux qui oscillent entre trois et quatre mètres. Comme les vagues sont irrégulières, nous nous faisons pas mal chahuter. Les enfants, ballotés dans cette mer capricieuse, finissent heureusement par s’endormir. Céramaje file à 12 nœuds et fait même des pointes à 18. Mais dans cette mer croisée, nous ne sommes pas des plus sereins. Sous les grains, nous n’avons aucune visibilité. Notre AIS nous signale la présence d’un pétrolier à côté duquel nous passons sans même le voir ! Après trois heures de navigation dans ces conditions, la mer, près de Curaçao, se calme et devient plus régulière. Nous arrivons à Curaçao après 4 heures 30 de navigation.

Cette petite nav était finalement une bonne préparation au passage du Cap de la Vela (situé en Colombie après la frontière du Venezuela) que nous allons devoir franchir en allant sur Cartagena. Nous avons vu comment le bateau se comportait dans une mer croisée.

Ce cap est surnommé par les navigateurs, le Cap Horn des Antilles… Nous savons que pour le passer sans être trop secoués, il faut attendre une fenêtre météo n’annonçant pas un vent à plus de 15 nœuds. A cette période de l’année, où les alizés commencent à être établis, les occasions se font plus rares. C’est la raison pour laquelle, nous restons attentifs aux prévisions météorologiques pour saisir la première opportunité.

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Nous aimerions rejoindre des bateaux amis à Cartagena pour fêter le nouvel an avec eux. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas l’intention de rester longtemps à Curaçao, sauf si nous n’avons pas de fenêtre météo pour pouvoir passer le cap de Vela avant plusieurs semaines... A cette époque de l’année, les alizés commencent à devenir forts et réguliers, et il est difficile de trouver plusieurs jours avec peu de vent. Pour passer Cabo de Vela, mieux vaut ne pas avoir trop de vent car le passage est réputé assez difficile, avec une mer croisée et une forte houle.  Pour l’instant, la météo prévoit une fenêtre de 4 jours dans une semaine, où le vent devrait souffler entre 17 et 25 nœuds.  25 nœuds, c’est déjà pas mal, mais nous devrions avoir ce vent 24 heures après le passage du cap, ce qui nous laisserait le temps de le contourner sans trop de vent.

Sur les pontons de Curaçao, tout le monde parle du Cap. C’est devenu le sujet inévitable des navigateurs qui font escale ici. Français, Belges, Anglais et Américains se retrouvent autour d’une bière pour avoir la moindre info sur le passage.  Les uns racontent ce qu’ils ont lu ou entendu, d’autres témoignent de leur propre expérience en l’ayant déjà franchi. Toutes ces histoires au bout d’un moment font monter le stress, et les quelques jours que nous passons à Curaçao ne se font pas dans la pleine détente…

Nous en profitons tout de même pour faire la réparation de notre portique et pour refaire notre approvisionnement. Il paraît que c’est la dernière escale où l’on trouve encore quelques produits européens.

Le jour de Noël, nous rencontrons une famille franco-polonaise qui est à Curaçao depuis plusieurs mois et qui devrait y rester encore deux mois de plus. Raphaël partage ses jouets de Noël avec Anaïs, la petite dernière de 5 ans. 

Nous n’avons pas le temps de visiter pleinement Curaçao, nous découvrons simplement Willemstad, la ville principale. Nous nous baladons dans les rues colorées, où nous croisons de nombreux touristes venus passer les fêtes de fin d’année.

Ça y est c’est le jour du départ, la météo annoncée se confirme. Nous partons donc pour 2 à 3 jours de navigation  jusqu’à Cartagena. Après avoir passé le Cap de Vela, nous devrions longer la côte colombienne pour être protégés de la houle et du vent.

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