Carnet de voyage

29/10/2013 11:55

Le Vanuatu

31/10/2013 07:43

Navigation pour le Vanuatu

Nous avançons bien, entre 10 et 12 nœuds même si encore une fois nous avons une houle croisée qui ne rend pas la navigation confortable. Si nous continuons à avoir le même vent, nous devrions arriver sur la première île du Vanuatu en 48h.

Mais à moins de 50 milles de notre arrivée, la partie basse de notre profilé d’enrouleur de génois se casse. Avec le vent et la houle, il est impossible de faire une réparation correcte, alors nous sommes obligés de continuer notre route avec notre génois à moitié rentré. Notre vitesse ralentit considérablement ce qui implique une arrivée probable sur l’île d’Anatom la nuit. Pour éviter cela, nous décidons de changer de cap et de nous rendre directement sur l’île de Tanna, où nous pourrons arriver de jour.

En chemin, un fou à pattes rouges vient se poser sur la filière de notre bateau. Après avoir fait plusieurs chutes dans la mer en faisant sa toilette, il décide de se rapprocher de nous et s’installe sur une de nos bouées de secours située dans le cockpit. Notre présence, tout près de lui, n’a pas l’air de l’intimider, car très vite il se met en position de repos, tête rentrée dans son poitrail et s’endort… La nuit, nos manœuvres à ses côtés ne le dérangent absolument pas, il continue de dormir, imperturbable… En raison de la jolie couleur bleue de son bec, les enfants le baptisent Blue.

Le lendemain matin, Blue est toujours là et n’a pas l’air pressé de s’envoler, à croire que notre pauvre oiseau est bien fatigué. A la vue des côtes, il ne bouge pas d’un millimètre, il assiste sereinement à notre arrivée sur Tanna, toujours perché sur notre bouée de secours. Par chance, nous avons même un petit déjeuner à lui offrir : un poisson volant qui s’est échoué sur notre pont…  Blue ne prend même pas la peine de le décortiquer un peu, il le met tout entier dans son bec, et attend quelques minutes avant de pouvoir l’engloutir tout entier… Après cette bonne nuit de repos et un petit déjeuner copieux, il finit enfin par s’envoler et nous quitte après 18 heures de vie commune !

 

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02/11/2013 07:55

Tanna

 

Le Vanuatu est composé de 83 îles, pour la plupart d’origine volcanique. Certaines sont encore en activité, comme celle de Tanna avec le volcan Yasur. Le pays, situé au sud-est de la ceinture de feu, est souvent soumis aux catastrophes naturelles : éruptions volcaniques, cyclones, tremblements de terre, tsunamis… 

Les habitants, répartis dans des villages très autonomes, parlent des dialectes différents selon les endroits où ils se trouvent. On recense 108 langues pour 234 000 habitants, ce qui représente la plus forte densité linguistique au monde. A ces nombreuses langues endémiques s’ajoutent les trois langues officielles : le Français, l’Anglais et le Bichelamar.

Longtemps colonisé par les Anglais et les Français qui finissent par mettre en place une administration conjointe en 1906, le Vanuatu devient indépendant en 1980. Aujourd’hui, les villages gardent encore la trace de cette époque, en ayant des habitants soit francophones soit anglophones.

 

Dans la baie où nous mouillons, à Port Resolution, les gens sont anglophones. Entres-eux, ils parlent leur langue locale, mais à l’école ils étudient l’Anglais. Ici, tout le monde nous salue aimablement. Raphaël, avec son ballon de foot, se fait rapidement des copains et se retrouve régulièrement embarqué dans des parties de jeu de ballon. Jean-Franck se fait inviter à prendre le kava  au nakamal, le lieu où les hommes se réunissent en fin de journée pour discuter des affaires locales. Il assiste à la préparation du kava, au mâchage des racines, aux discussions des hommes, et il a le privilège de boire le kava avec toute l’assemblée.

Pendant ce temps, je me retrouve coachée par la femme du chef du village, qui dans un premier temps, me fait découvrir les nouveaux bâtiments en dur d’une salle de conférence, me présente à quelques membres de sa famille, puis m’emmène assister à une messe adventiste. Ici aussi, comme dans toutes les îles du Pacifique, les quelques voix qui résonnent dans l’Eglise sont d’une puissance extraordinaire.

Le lendemain, nous rencontrons Léa, une des rares Francophones du village. Elle nous invite  à venir partager un repas organisé en l’honneur de deux pasteurs. Les deux hommes viennent donner une petite formation de quelques jours aux habitants du village. A notre grande surprise les  pasteurs parlent aussi le Français. L’un est un Kanak venu de Nouvelle Calédonie, l’autre est un Australien né en France. Nous passons un agréable moment en leur compagnie. Ils nous donnent des informations intéressantes sur la façon de vivre des Nivanuatais, leurs coutumes, leurs désirs, et grâce à Lea, nous nous retrouvons au cœur d’une fête locale dont on ne soupçonnait même pas l’existence quelques heures auparavant, en train de manger du cochon, du manioc et du taro…

 

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03/11/2013 08:38

Le magnifique volcan Yasur

Nous partons en 4x4 voir le volcan Yasur, un volcan en activité sur l’île de Tanna. C’est un chauffeur qui nous y conduits pendant plus d’une heure en suivant une piste accidentée et cahoteuse.

Lorsque nous arrivons, nous apprenons que le volcan a été particulièrement agité toute la journée, et qu’au lieu d’être au niveau 2 comme les semaines précédentes, il se situerait plutôt à un niveau 3.  Résultat, nous ne pourrons pas monter aussi haut que ce qui était prévu.  

 

Au pied du cratère, le spectacle est malgré tout saisissant. Toutes les deux à trois minutes, le volcan se met à cracher une fumée épaisse accompagnée d’un grondement sourd et de projections de lave se transformant aussitôt en pierres. Ces dernières, se déplaçant à 200 m/s jaillissent à des centaines de mètres à la ronde. Lorsque le soleil se couche, les couleurs de la lave illuminent la nuit noire et l’on se croirait devant un gigantesque feu d’artifice. Après trois-quarts d’heure de spectacle, malgré les recommandations d’un Nivanuatais face à la nervosité du volcan ce jour-là, quelques touristes décident de grimper encore plus haut pour mieux observer le cratère. Jean-Franck décide de suivre le mouvement et monte lui aussi une centaine de mètres plus loin. Le spectacle, de plus haut, est éblouissant. On peut y voir la lave en fusion partant de l’intérieur du cratère, la projection des pierres sortant du ventre du volcan. Cela parait incroyable, irréel, on se sent comme hypnotisé par le spectacle ! Pourtant, à une dizaine de mètres devant Jean-Franck, une grosse pierre incandescente tombe lourdement sur le sol et rappelle la dure réalité. Les touristes, paniqués par ce qui vient de se passer, redescendent sans perdre une minute. Tous viennent de réaliser à quel point le volcan est imprévisible aujourd’hui et que monter plus haut était prendre un risque réel. Pourtant sur le site, pas de rappel à l’ordre, pas d’interdiction, pas de barrières, seulement quelques recommandations...

 

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09/11/2013 08:55

Port Resolution

Nous passons une dizaine de jours à Port Resolution, ce qui nous permet de lier connaissance avec plusieurs personnes. Jean-Franck apporte son savoir-faire en informatique en installant des logiciels et en mettant sur quelques ordinateurs des films en anglais. Les rares personnes ayant réussi à se procurer de vieux ordinateurs ont des difficultés à les utiliser, car sur l’île il n’y a pas d’électricité. Quelques habitants ont cependant un petit panneau solaire pour pouvoir alimenter une ampoule et recharger des téléphones portables. Ils font payer la charge des téléphones portables ou des ordinateurs à ceux qui n’ont pas l’électricité. Pour pouvoir recharger un appareil électronique, les villageois donnent 100 vatus, soit à peu près l’équivalent de 1€, sachant que le salaire moyen est de 3000 vatus (30€)…

Les habitants de Port Resolution, comme dans beaucoup de villages Niva- Nuatus, vivent en tribu. Ils ont peu de choses mais ne meurent pas de faim. La terre, généreuse, leur permet de récolter de nombreux fruits et légumes. L’élevage de quelques poulets, cochons et veaux suffit à leur donner de la viande de temps en temps. Ici, tout se résume à l’essentiel. Il n’y a pas de superflu. Pas d’électricité, pas de voitures, seules des cases construites en fibres végétales.

Nous donnons un peu de gazole, des piles, du riz, du sucre, des vêtements, des cahiers… et en échange les gens nous apportent des fruits et légumes de leur jardin : d’excellentes tomates, des bananes, des concombres, des pamplemousses… Ces échanges permettent de nous insérer un peu dans la vie de quelques Niva-Nuatus, d’approfondir les relations avec eux, de mieux comprendre leur mode de vie, leur culture tellement différente de la nôtre.

Les femmes sont courageuses, travailleuses. On les croise souvent en train de porter sur leur dos un régime de bananes. Ce sont elles qui font tourner le ménage. Pour plaire aux hommes, elles doivent être discrètes, fortes et vaillantes. Lorsqu’elles se marient et qu’elles partent de chez elles, leurs parents reçoivent de l’argent de la nouvelle famille pour les dédommager de la perte d’une main d’œuvre efficace. La femme n’a pas son mot à dire dans cette société régie par les hommes. Si elle a beaucoup de chance, elle se fera aider par son mari dans les tâches difficiles, mais dans la plupart des cas, elle aura une vie dure où elle devra lui obéir.

 

Une fête est organisée au village voisin en l’honneur des deux pasteurs que nous avons rencontrés deux jours auparavant. Nous avons l’agréable surprise d’apprendre que nous y sommes invités. Pour la deuxième fois, nous nous retrouvons au milieu d’une soixantaine de Niva-Nuatus, hommes, femmes et enfants, à partager le repas ensemble. Là encore, nous échangeons nos savoir-faire. Tandis que nous goûtons à la cuisine locale, j’apporte des gâteaux « faits maisons » pour le dessert. Ici, les gâteaux sont rares car la farine doit être achetée, et elle n’est pas rentrée dans les mœurs des Niva-Nuatus. Tout l’après-midi, nous le passons dans la petite église du village, où nous discutons et écoutons de la guitare. Les Niva-Nuatus ne parlent pas beaucoup, ils observent en silence, adressent deux mots à leurs voisins de temps à autre et chantent. Ce sont les enfants qui mettent le plus d’ambiance en jouant et déambulant dans l’église. L’ambiance est familiale, douce et paisible.

 

Le 9 novembre, nous faisons nos adieux aux habitants de Port Resolution et partons pour la Nouvelle Calédonie. Notre profilé d'enrouleur de génois est réparé et nous devrions mettre environ 18 heures pour atteindre Maré, une île de la Nouvelle Calédonie. C'est notre dernière "grande traversée" avant notre arrivée sur le territoire français. 

 

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