Carnet de voyage

06/10/2010 05:11

Une arrivée aux Canaries bien méritée !

Nous partons du Portugal le 1er octobre en vue de nous rendre à Madère. Au bout de trois jours de navigation, nous avons le vent plein face et malgré les 25 à 30 noeuds de vent, nous n'avançons pas vite. La houle ne rend pas la navigation confortable et Raphaël n'est pas bien. Maude, elle, râle beaucoup parce qu'elle n'arrive pas à se déplacer comme elle veut.  Heureusement la navigation la fait bien dormir. Elle se fait bercer par le bruit des vagues cognant sur sa coque et dort comme un loir. Pourtant, lorsque je vais dans sa cabine, j'ai l'impression d'être sur les montagnes russes. Mais comment fait-elle pour dormir ainsi ? Il paraît que les bébés qui ne marchent pas encore, n'ont pas le mal de mer. Nous pouvons en témoigner, c'est une vérité !

Au bout de 30 heures de navigation dans ces conditions, nous nous décidons à renoncer à Madère et nous mettons le cap vers Les Canaries. Michel a un avion à prendre bientôt à Lanzarote et nous ne pouvons plus tarder.

Finalement après 6 jours de navigation, nous nous approchons de la première île des Canaries: Graciosa.

Nous sommes à quelques heures de l'arrivée, quand JF s’aperçoit que nous avons perdu notre ancre. Nous supposons qu’elle s'est décrochée lorsque nous faisions du près pour aller sur Madère.  Les vagues tapaient fortement sur la coque de Céramaje, et à force, l’attache de l’ancre a dû céder. Il manquait plus que ça ! Comment allons-nous faire pour nous arrêter sans ancre et de nuit ? Y aura-t-il des bouées d’amarrage ? Un port ? Nous regardons notre carte de plus près et découvrons qu’il y a bien un port à Graciosa. Ouf ! Nous n’aurons pas besoin de monter notre ancre de secours.

Alors que la nuit vient de tomber, Raphaël renverse un verre qui se brise dans le cockpit. Le temps que j’aille chercher un balai pour ramasser les débris, JF qui n’a pas suivi l’histoire, marche dedans et s’ouvre le pied. Il y a du sang partout !  Je regarde de plus près son pied et m’aperçois que la plaie est profonde. JF ne peut plus marcher, il est assis dans le cockpit, souffrant le martyr, tout en se faisant un poing de compression. Comment allons-nous faire pour amarrer le bateau dans un port la nuit, si JF ne peut plus poser le pied par terre ? Il n’y a que lui qui sait bien manœuvrer Céramaje.

Une demi-heure plus tard, JF arrive à stopper l’hémorragie et se remet au poste de pilotage juste à temps pour l’entrée dans le port de Graciosa. A ce moment là, nous entendons au loin une voix nous interpeler en espagnol. Avec la nuit noire, nous distinguons à peine une silhouette qui nous fait comprendre qu’il n’y a pas de place pour nous. Décidément c’est la poisse ! Nous sommes donc obligés de partir un peu plus loin mouiller, et nous n’avons pas le choix, nous devons mettre à poste la deuxième ancre. Bien entendu, il n’y a que JF qui sait comment faire, et comme il ne peut pas se déplacer, il donne les instructions à Michel. Finalement l’installation prendra plus d’une heure, et JF sera obligé de se servir de son pied à plusieurs reprises. Résultat, lorsque Céramaje est enfin sur ancre, l’avant du bateau est rouge de sang… Je n’ai pas le choix, je suis obligée de regarder de plus près son entaille si je veux enlever tous les débris éventuels. Moi, qui ai horreur de ça, je prends mon courage à deux mains et commence à le charcuter. Il me faut une heure et demie pour arrêter correctement l’hémorragie ! Le sang ne coule plus, certes, mais mon pauvre JF n’est pas très loquace... Cela tombe bien, c'est la première fois depuis bientôt une semaine que JF va pouvoir faire une vraie nuit dans son lit !

 

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